Récit – Chapelle Notre-Dame de Pitié

Récit écrit par Marie Jeanne Laffont demeurant au quartier de la Chapelle, paru sur le mensuel « Kercabanac » en novembre 1995.

La Chapelle de Notre-Dame de Pitié à Seix

Il y a très longtemps (600-800 ans) à l’emplacement de l’actuelle chapelle, il y avait un grand abreuvoir en pierre creusée.

Un vieux paysan du quartier aperçut un jour, avec un grand étonnement, pendant qu’il laissait boire ses vaches ( en sifflant pour elles ) une statuette de la Sainte Vierge posée dans l’herbe.

Délicatement il l’a pris dans ses mains et la porta à M. le Curé qui la déposa à l’église.

Le lendemain – miracle!- le même vieux paysan retrouva la statuette au même endroit que la veille et il alla chercher M. le Curé qui la recueillit encore, et avec les fidèles, émerveillés, ils traduisirent le message : la Vierge voulait avoir une chapelle à l’endroit même où on l’avait trouvée.

Et, là, pierre par pierre,la chapelle fut donc bâtie,avec sa porte romane et surmontée d’un joli clocheton.

La statuette y fut définitivement installée et, plus tard, un bon menuisier voulut aussi sculpter une autre «Piéta» posée sur le haut de la nef.

Et notre chapelle, au fil des ans, a été vivante,aimé.

Le dimanche des Rameaux,avant la messe, les fidèles y affluaient et une procession verdoyante partait de là, vers la grande église, en faisant le tour, et M. le Curé, arrivé devant le portail fermé, frappait plusieurs coups en chantant, pour que les portes s’ouvrent!

L’après-midi du Jeudi Saint avait lieu la visite des croix.

M. le Curé, suivi de nombreux enfants du catéchisme, allait prier devant les croixdu village ( lesRaourès, Le Tuc, le Pouech, le Fond de Seix, le Scindè, le Campot ) pour revenir à la chapelle où les enfants défilaient devant la statue et baisaient les pieds de Notre-Dame ; les hommes chantaient le «Stabat Mater».

Pour la Fête-Dieu, une longue procession allait par les rues pavoisées du village, d’un reposoir à l’autre, suivant le Saint Sacrement, sous un beau dais encadré par les jeunes gens en longue aube rouge, les fillettes habillées de blanc lançaient des pétales de roses pendant la bénédiction, dernière étape, dernières prières : la chapelle toute fleurie de marguerites et d’ ancolies.

Le soir du 15 aoùt, à la nuit tombante,petite procession aux flambeaux partie de la chapelle et, comme à Lourdes: «Ave, Ave, Ave Maria».

Et puis, la fête du 8 septembre, si pittoresque, les offices ont lieu naturellement à la chapelle. Avant les Vêpres, arrivent dans la rue, les bergers des alentours, vêtus de gros gilets en laine brune, leur bâton à la main, et chacun d’eux, sur ses épaules, porte un petit agneau en offrande à la Vierge: la cloche sonne, les agneaux bêlent.

Encore un bon souvenir: à la fin de la guerre, quand les allemands quittent le village, les jeunes gens dans le clocheton, font chanter la petite cloche à toute volée, avant de s’enfuir vers le Cos, craignant encore des représailles.

Chantera-t-elle encore un jour notre petite cloche?

Longtemps, la chapelle est restée ouvertes aux fidèles, aux touristes.

À l’angle du mur de la chapelle, quelques grosses pierres en grès, toutes creusées : les hommes venaient là aiguiser leurs couteaux de poche, qui leur servaient, entre autres à tracer une croix sur les gros pains de l’époque où ils taillaient de grosses tranches pour leur nombreuse famille.

Mme Laffont